La prairie alluviale de fauche

Description

Cette prairie de fauche est également une prairie alluviale, c’est-à-dire qu’elle est située dans le lit majeur (et donc dans la zone inondable) d’un cours d’eau.
Le contexte alluvial est caractérisé par un apport d’alluvions (riches en nutriments) lors des crues. Ce qui permet à une végétation importante et diversifiée de se développer dans ce type de prairie, permettant ainsi la récolte d’un fourrage intéressant pour le bétail.

Comme toutes les prairies alluviales, elle est caractérisée par un engorgement en eau pendant une période plus ou moins longue de l’année selon les quantités de précipitations et donc les crues du cours d’eau.
La surface de la prairie est d’environ 1.5Ha. Elle est située dans une zone Natura 2000, code UG5 (prairie de liaison).
Elle fait également l’objet d’une mesure agro-environnementale (MAE) « Prairie à haute valeur biologique ».
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Photo Serge Rouxhet
La prairie est fauchée deux fois par an par un agriculteur du village. Afin d’augmenter la diversité botanique de la prairie, il est important que la première fauche soit tardive, soit après le 1er juillet tandis que la seconde fauche a lieu après le 15 août.



Travaux d'aménagements et de gestion

A raison de deux fauches par an et sans apport d’engrais, la teneur en éléments nutritifs du sol va progressivement baisser ce qui permettra d’augmenter la diversité botanique de la prairie.

Analyses du sol

Les analyses du sol sont importantes pour déterminer les mesures de gestion et les aménagements les plus appropriés. Les résultats nous indiquent que la répartition granulométrique est très bonne (Argile : 27% - Limon : 47% - Sable : 26%). La teneur en sable provient d’une part des dépôts de la rivière lors des crues et, d’autre part, de la décomposition des roches gréseuses qui constituent le sous-sol de la région.
La teneur en humus est assez élevée (5.8%) et les teneurs en éléments nutritifs sont faibles (par ex. phosphore : 1.5mg/100gr) ce qui devrait permettre de restaurer rapidement une prairie diversifiée en espèces végétales en poursuivant la gestion principale par fauchage comme indiqué ci-dessus.

Espèces végétales diversifiées

Cet automne, nous avons profité du passage des sangliers qui ont retourné des zones de tapis végétal pour effectuer un semis d'espèces qui sont peu ou pas présentes dans notre prairie mais qui sont caractéristiques des prairies de fauche : l’aigremoine, la marguerite, l’achillée, la berce, la brunelle et la centaurée.

Nous avons délimité une zone qui correspond à environ 10% de la surface de la prairie et qui sera fauchée uniquement une fois par an en octobre. La première fauche après le 15 juillet ne sera donc pas pratiquée dans cette zone.
L’objectif est que cette seule fauche très tardive permette aux plantes à floraison estivale comme la centaurée ou le millepertuis de réaliser complètement leur cycle de reproduction, donc jusqu’à la chute des semences sur le sol. Cette gestion par une seule fauche très tardive devrait également être favorable à certains oiseaux qui nichent au sol. Après 3-4 années, nous pourrons comparer le tapis végétal de cette zone refuge par rapport au reste de la prairie.

Plantations

Cet automne (2020) nous avons planté sur 50m une haie à la limite entre notre prairie et la prairie voisine.
Il s’agit plus exactement d’une bande boisée d’une largeur variable entre 3 et 5m. Cette haie est composée d’une trentaine de plants d’arbres : merisiers, bouleaux, pommiers sauvages, frênes, peupliers trembles, alisiers et ormes ainsi que d’un peu plus de 200 plants d’arbustes : viornes, sureaux, sorbiers, aubépines, pruneliers, bourdaines, cornouillers, ….

Cet automne 2020, nous allons également planter une dizaine de pommiers hautes tiges. Nous avons choisi des variétés sélectionnées par le Centre de Michamps (Bastogne) qui sont résistantes aux maladies et adaptées au climat ardennais.
Les pommiers sont greffés sur pommiers sauvages ce qui semble leur conférer une plus grande résistance à la prédation par les rongeurs ainsi qu’une meilleure adaptation aux sols argileux et humides. Nous avons choisi les variétés de pommiers suivantes : Madame Colard, Reine des Reinettes, Reinette Hernaut, Belle et Bonne, Président Roulin, Ellison's orange, Reinette Dubois et Cwastresse simple.
La prairie étant située dans un fond de vallée, nous craignons principalement les gelées tardives ainsi que l’engorgement du sol en eau durant une partie de la mauvaise saison.
Si l’expérience de cette première étape de plantation est positive nous envisagerons de transformer une partie de la prairie en pré-verger.


C’est une prairie permanente (qui n’est donc jamais labourée, ni renouvelée) dont le mode de gestion agricole est le fauchage de la végétation une ou deux fois par an.
Il existe différents types de prairies de fauche dont le tapis végétal varie selon les paramètres suivants : l’altitude, le degré d’humidité du sol, le degré d’acidité et la teneur en calcaire du sol, la richesse du sol en éléments nutritifs (azote et phosphore principalement) et le régime de gestion : date et nombre de fauches, pâturage éventuel du regain, ….
Une prairie de fauche est composée de grandes espèces telles que la berce, le cerfeuil sauvage, le grand boucage, le fromental, le crépis des prés, le trèfle des prés, … et d’espèces plus petites comme la marguerite, la centaurée, le petit rhinanthe, les vesces, les gesses, …
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Photos Serge Rouxhet

Depuis la seconde moitié du XXème siècle, la fertilisation des prairies avec des engrais minéraux ou organiques (lisier, fumier) permet d’en augmenter la productivité.
Ces prairies (totalement artificielles) sont alors fauchées (ensilage plutôt que fanage) au moins trois fois par an et la première coupe est de plus en plus précoce (mai le plus souvent) ne permettant ni à la plupart des plantes ni aux animaux de réaliser leur cycle de reproduction.
La fertilisation et la fréquence des récoltes ont un effet très marqué sur la composition végétale des prairies.
Les espèces végétales à fleurs régressent très fortement au profit de certaines graminées (comme le ray gras d’Italie) mieux adaptées à un sol riche en éléments nutritifs.
Idéalement une prairie de fauche pour avoir un tapis végétal diversifié doit avoir une teneur en phosphore inférieure à 5mg/100gr.

Certaines prairies sont labourées pour renouveler la flore estimée trop peu productive. Elles sont alors semées avec 2-3 graminées très productives associées souvent au trèfle violet. D’autres prairies dites ‘temporaires’ rentrent dans un cycle pluriannuel avec une culture (maïs, céréales).
Enfin, à certains endroits où le relief est plus important ou lorsque la surface est trop petite, des prairies sont abandonnées. Elles sont alors progressivement envahies par des arbustes et évolueront à terme vers la reconstitution de la forêt.





Un recensement des espèces végétales présentes dans la prairie a été réalisé en 2016 par un conseiller de l’ASBL Natagriwal. Celui-ci a mis en évidence la présence d’une trentaine d’espèces différentes.

Pour les espèces animales, on retrouve de nombreux papillons comme la belle dame, le paon du jour, l’aurore, …. et d’autres insectes comme les sauterelles, criquets, punaises, … mais aussi de nombreux oiseaux comme la linotte, le verdier, l’alouette, le tarier des prés, le rossignol, des petits roingeurs, des batraciens….


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Criquet ensanglanté